A l'occasion de la présentation officielle des 17 propositions d'actions BUS2 lors de l'événement "Propositions & Perspectives" organisé le 27 mars 2024, l'ensemble des parties prenantes du projet ont pu échanger autour des 3 axes stratégiques d'actions BUS2 :
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Axe 1 : Soutenir le marché de la performance en construction et en rénovation
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Axe 2 : Favoriser le recrutement et le maintien des actifs dans le secteur
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Axe 3 : Développer la formation
Ces discussions ont permis de mettre en avant les défis et enjeux rencontrés par les professionnels du secteur et des échanges de bonnes pratiques et d'initiatives locales inspirantes !
Axe 1 : Soutenir le marché de la performance en construction et en rénovation
Les échanges ont réuni :
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Aude Bombart, Chargée d'opération Habitat au Pays du Cambrésis.
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Cédric Lentillon, Directeur Adjoint - Responsable secteur d'activité Bâtiment DTecTV/DBD Cerema.
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Frédéric Deram, Consultant bâtiment durable au CD2E.
Sur le territoire du Cambrésis, Aude Bombart a souligné l'importance de promouvoir des dispositifs d'accompagnement en faveur de la rénovation globale sur le territoire, face au constat que les particuliers continuent souvent à privilégier la rénovation geste par geste et que les dispositifs de rénovation globale demeurent encore trop méconnus. Un travail de communication a donc été mis en place sur le territoire pour toucher toutes les parties prenantes, en particulier les propriétaires. Aude Bombart a également rappelé l'importance de proposer un accompagnement personnalisé aux ménages désireux de se lancer dans ce processus, notamment par l'intermédiaire de sociétés de tiers financement pour faciliter les démarches.
Cédric Lentillon a également pu mentionner la nécessité de diffuser l'expertise globale de l'ingénierie sur tous les territoires, même ceux sans ingénierie interne, pour accélérer la rénovation. Cela passe notamment par la mise en synergie des connaissances des divers acteurs à travers la plateforme "Expertises Territoires", qui offre des espaces collaboratifs dédiés à des thématiques spécifiques. Cette plateforme permet non seulement de mettre à disposition des ressources pertinentes, mais également de faciliter les échanges entre les différents réseaux, grâce à une animation active. Cédric Lentillon a ainsi souligné l'importance croissante des projets de mutualisation, qui deviennent indispensables pour maximiser l'impact de l'expertise collective sur le développement du territoire.
Frédéric Deram a mis en avant la place de la commande publique en tant que levier stratégique, prenant l'exemple du "Guichet Vert", un guichet d’information généraliste sur les conditions d’emploi de biosourcés dans les marchés publics, qui offre des conseils de premier niveau. Il a également cité l'outil la "Clause Verte", développée et mis en œuvre par CD2E, qui met à disposition des ressources sur les clauses environnementales, et qui propose aux maîtres d’ouvrage de mettre en place des clauses ajustables et adaptables, dans leurs marchés. Il a également pu encourager activement la massification et dans cette perspective, il a mentionné le "Pacte Bois Biosourcés", rassemblant déjà 28 Maitres d’ouvrages publics et privés dans la région Hauts-de-France, pour les inciter et les aider à intégrer de manière systématique le bois et les biosourcés dans leurs projets.
Axe 2 : Favoriser le recrutement et maintenir les actifs dans le secteur
Les échanges organisés ont rassemblé :
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Natalie Champion, Chargée de mission nationale BTP (Bureau des lycées professionnels, de l’apprentissage et de la formation professionnelle continue, Réseau des Greta) au Ministère de l’éducation nationale.
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Ludivine Sébastien, Cheffe de projet et coordinatrice du projet BUS2 à la maison de l’Emploi Ouest Provence.
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Laurent Moniot, Directeur des opérations Lille Avenirs.
Natalie Champion a soulevé le problème que le secteur du BTP demeure encore trop souvent un choix d'orientation par défaut... Pourtant, il s’agit de métiers contribuant fortement à la transition écologique, qui nécessitent d’être mieux connus. Elle met en avant la nécessité de travailler sur l'orientation professionnelle dès la 5ème, et rappelle également l'opportunité des stages de découverte en troisième, offrant aux jeunes une réelle opportunité de découvrir les métiers du bâtiment, mais tout en soulignant l'importance de l'implication des entreprises dans ces démarches. Natalie Champion identifie également le problème d'accès des femmes et des jeunes filles au secteur, dès la classe de troisième, en raison de la mauvaise image associée au BTP. Elle préconise donc d'organiser des journées portes ouvertes et des forums des métiers mettant en lumière la place des femmes dans le secteur, avec des retours d'expériences. Elle propose également la mise en place de formations spécifiquement destinées aux femmes, pour encourager activement la féminisation du secteur.
Ludivine Sébastien a par la suite mis en évidence la nécessité d'une meilleure information pour tous les publics confrontés à des choix d'orientation professionnelle. Elle préconise pour cela un changement de discours autour du BTP en mettant en avant son intérêt sociétal et en démontrant comment les bâtiments contribuent à façonner la société. Pour favoriser la découverte des métiers du bâtiment par l'expérience concrète, elle souligne également l'importance de l'utilisation des plateaux techniques permettant aux individus d'appréhender les métiers par le geste. Soulignant le faible taux de représentation des femmes dans le BTP, notamment sur les chantiers (2%), elle préconise des actions spécifiques de découverte des métiers, axées sur l'expérience pratique, tout en développant une communication directement adressée aux femmes.
Dans le cadre de l'accompagnement à l'insertion professionnelle, Laurent Moniot souligne la nécessité d'une coordination technique accrue entre les différents métiers. Il propose de sensibiliser les structures d'insertion aux plateaux techniques, en mettant en lumière l'importance de cette démarche pour une meilleure connaissance des métiers du bâtiment. Des initiatives de France Travail et de certaines missions locales s'engagent dans cette voie en collaborant avec des spécialistes du secteur afin de faciliter l'orientation professionnelle vers les métiers du bâtiment. Pour maximiser l'efficacité des actions entreprises, Laurent Moniot insiste sur l'importance de travailler sur des bassins d'emploi mesurables, impliquant une coordination renforcée des acteurs et des initiatives.
Axe 3 : Développer la formation
Cette thématique a rassemblé :
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Franck Mac Farlane, Responsable « recherche et expertise » de Maison et Cités.
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Valérie Delay, Directrice Cambrésis Emploi.
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Samuel Courgey, Référent technique et Formateur, association ARCANNE.
Franck Mac Farlane montre par l'exemple de Maisons et Cités et son patrimoine de 65 000 logements individuels hérités des périodes minières, dont 97% ont près de 100 ans, comment massifier des rénovations sur un territoire. Parmi ces logements, 30 000 sont des passoires thermiques classées E, F ou G. Pour accélérer ces rénovations, Franck Mac Farlane présente le projet ERBM (Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier) qui vise à rénover 20 000 logements en 10 ans, en collaboration avec l'État et la Caisse des Dépôts. Cependant, de nombreuses habitations classées UNESCO, imposent des contraintes techniques, en plus de la volonté pour Maisons et Cités d'aller plus loin que de simples rénovations, en intégrant la question des matériaux biosourcés et d'assurer l'étanchéité à l'air et la ventilation. La réussite du suivi de ce projet passe notamment par une systématisation et une obligation des FIT dans les marchés, et par une coordination des entreprises locales, nécessitant un suivi rigoureux.
Dans le Cambrésis, territoire situé dans les Hauts-de-France, Valérie Delay a montré comment la Maison de l'Emploi du territoire travaille depuis plus de 10 ans sur divers dispositifs pour le secteur du bâtiment. Cette dynamique a débuté dans le cadre de la "Maison de l'Emploi et Développement Durable", en partenariat avec l'ADEME et AVE, qui a permis de diagnostiquer le territoire et définir des actions. Le Cambrésis a ensuite été le premier des Hauts-de-France à mettre en place le SDP. Puis Valérie Delay a souligné l'implication de la Maison de l'Emploi dans le projet BUS2 : des groupes de travail ont élaboré des plans d'action, notamment concernant les maisons GMF et la FIT. La FIT, qui permet de former les salariés sur place, et qui favorise la co-activité représente sur le territoire du Cambrésis un véritable défi car peu de chantiers d'envergure y sont déployés. Un passage par les clauses sociales a donc permis au territoire de surmonter en partie cet obstacle !
Samuel Courgey souligne le fait que le secteur bâtiment souffre d'un manque de disponibilité des entreprises pour accueillir des stagiaires et enseigner, accompagner par ce biais aux gestes pratiques. Pour combler ce besoin, 49 MOOC Bâtiment Durable ont été créés avec l'ADEME et Plan Bâtiment Durable, offrant une formation théorique préalable à ces formations par le geste. Le succès de cette plateforme selon Samuel Courgey résulte d'une importante phase de maturation et de co-construction entre de nombreux partenaires. Ces MOOC, suivis aujourd'hui par près de 135 000 personnes, offrent une autonomie d'apprentissage pour les professionnels souvent peu disponibles. Pour Samuel Courgey, il est crucial de rendre ces formations accessibles toute l'année pour toucher un public encore plus large. Il a notamment appuyé sur le rôle tenu par les acteurs du secteur qui se montrent prêts à soutenir ces initiatives !
Propositions d'orientations et d'actions relatives au marché, emplois, métiers et compétences du bâtiment
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